J’ai peur de devenir manager

Par le 26 octobre 2015

Que vous soyez futur manager, déjà dans cette fonction depuis très peu de temps, manager aguerri(e), ou pas encore mais que vous rêvez de le devenir. Que vous soyez devenu le manager de vos collègues, celui d’une ou deux personnes ou de cinquante, que vous soyez manager homme ou femme, jeune ou moins jeune, diplômé(e) ou non… S’il y a bien un point commun, c’est celui de la peur entourant le début du job !

Et c’est bien normal, le contraire serait de la désinvolture !

Une fois n’est pas coutume, ce blog s’adresse en priorité aux futurs managers tentés (et choisis !) par cette belle mission d’encadrer des collaborateurs. Quoi que…. Vous aussi, managers confirmés, il vous arrive parfois de retrouver cette boule au ventre dans certaines conditions, comme des débutants, non ?

J'ai peur de devenir manager

© Shutterstock

La première chose à se dire est que :

La peur, c’est normal

Seuls les extraterrestres n’ont peur de rien ! Avoir peur devant l’inconnu est une réaction tout à fait normale et légitime. Elle montre votre implication à prendre au sérieux votre nouvelle responsabilité et vos interrogations sur des situations que vous n’avez encore jamais connues, pas dans cette position-là tout du moins. Elle vous montre aussi votre vigilance et votre volonté de réussir face à ces challenges.

Il se peut que votre peur se focalise sur des points précis : « J’ai peur de prendre des responsabilités trop lourdes », « je vais faire des horaires à rallonge ! », « je vais stresser… et ma famille avec ! », « Comment va réagir mon ancien collègue ? » ou bien que votre peur soit plus diffuse : « Je ne vais pas y arriver ! », « Dans quoi me suis-je embarqué ! », « Je vais perdre mon âme ! »

Nous ne le répéterons pas suffisamment : cette peur est normale.

Alors, si cette peur est normale, autant apprendre à la gérer. Au même titre que d’autres émotions, la tristesse, la colère, ou d’autres encore, la peur se gère. Se confronter à la réalité va vite vous apprendre à distinguer entre vos sentiments et les faits : chaque jour, on avance ; petit à petit, on obtient des résultats, on se dit que la situation n’est pas si difficile. Les petits succès qui s’accumulent vous aident à maîtriser vos angoisses, à prendre de l’assurance.

Observez-vous, étudiez vous

A quoi ressemble votre peur ? Qu’est-ce qui la déclenche ? Que provoque-t-elle en vous ?

Une des choses les plus importantes est de s’écouter. Laisser parler votre intuition, celle qui sait vous protéger ; elle vous servira dans de nombreuses situations.

Si, par exemple, vos interrogations portent surtout sur la façon dont vous allez réagir aux événements, dites-vous qu’il n’y a pas une façon de faire idéale, qu’il n’y a pas de bons ou de mauvais managers, il y a tous les styles de managers. Et vous allez trouver le vôtre petit à petit.

N’écoutez surtout pas les donneurs de leçon ! … même si les bons conseils sont à prendre. Faites le tri. Et même ce qui vous semble les meilleures idées, si cela ne convient pas à votre tempérament, votre personnalité, surtout, ne forcez pas. Ces idées feront leur chemin dans votre esprit et ressurgiront un jour – ou pas -.

Dans de nombreux cas, ce sera à vous de prendre une décision. Donc, si vous ne le sentez pas, ne le faites pas. Pourquoi se mettre en danger ? Pourquoi prendre de tels risques ? C’est vous qui managez, personne d’autre.

Certaines fois, vous n’aurez pas le choix, vous aurez à dire ou à mener des plans d’actions auxquels vous n’adhérez pas, et vous devrez pourtant le faire. Ne vous mettez donc pas d’objectifs irréalistes ou de pression supplémentaire.

Au fond, vous savez qui vous êtes et ce qui est vraiment important pour vous. Surtout si vous avez une peur du genre « Ne vais-je pas renier mes propres valeurs ? », vous n’êtes pas celui/celle qui vend son âme au diable ! Ecoutez ce qu’on vous demande, exigez des réponses, des moyens, du temps, des ressources. Vous êtes le manager qui a été choisi car vous saurez mener les transitions nécessaires en intégrant la sécurité et la stabilité dont l’équipe a besoin.

Montrez que vous avez confiance en vous

La peur est mauvaise conseillère. Il faut la regarder en face et lui parler. Plus je la cache, plus elle se lit sur mon visage, plus je le sens et plus elle me rend vulnérable. Peut-être pensez-vous « C’est en moi, je ne sais pas cacher mes émotions… » Votre visage vous trahit.

Il va falloir faire avec !

Pour vous aider, dites-vous « Si tu ne changes pas d’attitude et reste replié(e) sur toi alors cela ne marchera pas. Si mon patron m’a choisi(e), c’est qu’il croit en moi, et moi aussi puisque j’ai accepté. Je ne dois pas le décevoir ni me décevoir moi-même »

Je décide donc d’adopter le langage corporel de quelqu’un en route vers la réussite : Je me tiens droit, je lève la tête au lieu de regarder mes pieds, j’ouvre les yeux, j’ai le pas assuré de celui qui a une grande confiance en soi comme pour me créer un but sans me laisser distraire par mes craintes et mes doutes.

Travaillez avec les  autres

La première personne pour qui votre réussite est importante, c’est votre responsable hiérarchique. N’hésitez surtout pas à le solliciter. Demandez-lui des explications, ne le laissez pas vous envoyer « au casse-pipes » sans arguments, sans moyens. Soyez exigeant(e) avec lui. Plus vous serez exigeant, plus vous lui montrez que vous vous donnez tous les moyens pour réussir, que vous faites preuve de professionnalisme. Et même si cela le bouscule, votre rôle n’est pas de le ménager !

D’autres personnes peuvent devenir de précieuses ressources : vos nouveaux pairs. Ecoutez plus généralement vos nouveaux partenaires, qu’ils soient managers d’autres services, clients, ou prestataires, tous ont intérêt à ce que vous fassiez « du bon boulot » car ils en ont besoin. Ils connaissent déjà vos forces et vos faiblesses, vos produits, vos services. Demandez-leur conseil, même si, encore une fois, tout n’est pas bon à prendre.

Bien sûr, votre équipe est là aussi pour réussir. Mais elle aussi a peur : « Comment me comporter ? », « Est-ce que j’aurai autant de liberté qu’avant ? », « Que peut-il/elle m’apporter ? », « Devra-t-on travailler plus ? avec moins ? » sont autant de questions qu’ils se posent naturellement. Même si ce sont d’anciens collègues, prenez le temps de les écouter, de vous intéresser sincèrement à ce qu’ils font et à ce qu’ils sont. Bref, ouvrez-vous aux autres.

Trouvez votre zone de confort

Trouver sa zone de confort, c’est trouver ses limites, c’est trouver les activités qui nous ressourcent, celles sur lesquelles on a une grand maîtrise.

Manager, ce n’est pas forcément faire différemment du précédent manager. Il est intéressant et important de garder ce qui marche, qui vous rapporte le plus sans trop d’effort.

Si vous avez été nommé(e) manager de cette équipe, c’est parce que vous avez un plus à apporter à cette équipe. Un plus sur lequel vous avez fait vos preuves. Apportez-le leur donc, même si, dans quelque temps, il vous faudra vous poser la question de leur déléguer ce plus qui vous caractérise.

Ce plus est aussi peut-être un ingrédient de votre peur : en devenant manager, vous craignez de perdre le contact avec le terrain, de perdre le contact avec ce savoir-faire que vous aimez tant ? C’est vrai qu’il va vous falloir prendre du recul mais vous allez acquérir tellement d’autres choses, d’autres techniques, d’autres savoir-faire ! Vous aurez à superviser ceux qui seront sur le terrain et vous aurez tellement de bonheur à voir aussi d’autres personnes s’épanouir dans ce savoir-faire !

Pas besoin de sortir inconsidérément des sentiers battus, de partir à l’aventure pour repousser ses limites.

Sachez aussi préserver votre forme physique. Ce peut être des moments de tranquillité où vous ne serez pas dérangé(e), des plages de temps pour des travaux de fond mais aussi des plages de temps pour continuer vos entrainements de foot ou les longueurs de piscine qui vous font du bien.

Focalisez vous sur votre réussite

Même si l’échec n’est pas concevable (l’est-il vraiment ?), dites-vous que vous ne jouez pas votre vie ! Il sera bien temps de prendre d’autres mesures si vraiment cela n’a pas marché.

Pour l’instant, focalisez votre énergie sur votre réussite et, plus précisément, sur vos premières actions. Prenez chaque jour l’un après l’autre. Il y aura sûrement des hauts et des bas. L’expérience montre qu’il y a beaucoup plus de hauts que de bas et que même les bas sont porteurs d’espoirs, de changements, de leçons à retirer.

Commencez par les domaines où vous êtes le plus à l’aise et avec les membres de l’équipe qui vous paraissent être de véritables alliés. Vous obtiendrez ainsi les premières réussites qui renforceront votre confiance en vous et amadoueront les plus récalcitrants.

Avez-vous pensé à vous faire aider soit par une formation soit par un coach (ou les deux) ? Ces deux formules vous permettront de relativiser vos craintes, de mieux comprendre vos représentations, d’arrêter de vous « faire un film » et d’acquérir quelques astuces et outils utiles pour débuter.

Et, pour finir, dites-vous tout simplement « Quand il faut y aller, il faut y aller ! »

Vous aussi, managers débutants ou confirmés, faites-nous part de vos craintes…. Et de vos astuces !

 

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Carole Trépanier, ACC, DBA Il y a 8 années

Excellent article sur les peurs reliées à une première prise de poste en gestion. Recommandations judicieuses.

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dirare abdesselem Il y a 8 années

Bonsoir Mr Jacques
C’est un très grand plaisir de vous lire encore une fois, de vous trouver nous faire entendre dans les faits des « symphonies » que nous n’avons pas encore entendues? ou – peut-être- qu’elles nous étaient inaccessibles d’entendre sans le « marteau  » « magique » ( Nietshien ou Deleuzien)…ET cette fois-ci vous lire a encore un autre charme car « l’artistique » est omniprésent à coté du scientifique , je ne fais pas des jugements de valeur? je ne suis pas à la hauteur de le faire mais je viens d’apprendre à l’âge de 6à ans ans que la littérature est une science, s’il ne s’agit pas de la science par excellence, tout simplement les forces du mal ont « iconisé » (de l’icône) les mathématiques et l’informatique qui ne mènent pas à des « RISQUES » concernant le monopoles des biens symboliques, et principalement les habiletés cognitives…ET quand je vous lis « scientifique » et « littéraire »(artistique) en même temps,c’est vraiment un très grand plaisir.

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Fabien RAYNAUD Il y a 8 années

S’il y a peur c’est avant tout qu’on vous a nommé avant que vous ne décidiez vous-même d’être manager. Si c’est bien le cas, votre manager a dû vous expliquer pourquoi il a pensé à vous. Quels sont vos talents : expertise dans votre domaine, capacité à organiser, planifier, diriger les hommes, etc. Vous devez affirmer votre légitimité auprès de votre nouvelle équipe, apprendre à connaitre chaque membre, et qu’eux-mêmes apprennent sur vous et votre façon de manager.
Ensuite, comme le dit l’article, il n’y pas que de bons ou des mauvais managers, mais en tant que manager, vous aurez des choix à faire, et vous devez les faire. Le pire serait de ne pas décider.

Fabien RAYNAUD

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ROGER Il y a 8 années

Bonjour/soir, MERCI pour cet article. Suite à un Bilan de Compétences et une évaluation de capacités et de savoir-faire, il a été détecté des compétences de management, de coordinateur d’équipe de médiation, puisque cette activité me passionne tant personnellement que professionnellement. Je ne suis pas en poste actuellement, le terrain me manque, réacquérir des savoir-faire pour ensuite, OUI, les transposer en tant que manager. Mais, j’ai un souci, depuis, quelques années, je suis adepte du développement personnel, je souhaite puiser mon leadership dans cette philosophie, mais j’ai un mal à clarifier mes VALEURS, oui, c probablement une peur, çà me gâche la vie, je sais ce que je veux, mais je suis incapable de les retranscrire, les retransmettre.

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Brezzo Il y a 6 années

J’adore ce blog très informatif . Merci

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Augry Franck Il y a 5 années

Les commerciaux, performants et dynamiques se voient régulièrement propulser en tant que manager ! Souvent d’une star de la vente il virera au manager dépressif ou perdu…
Tout s’apprend et c’est une des raisons d’être de son N+1 !
combien de managers d’entreprises en ont vraiment pris conscience ?
ceux qui réussissent ! OUI mais peu !

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